samedi 24 avril 2010

L'AUTEUR DE "LA CAVE" PARLE DES CIRCONSTANCES DE L'ECRITURE DE LA PIECE

LA CAVE, une pièce de Caroline de Kergariou, initiée en 2003
CAROLINE DE KERGARIOUCaroline de KERGARIOU raconte dans quelles circonstances a été initiée l'écriture de "LA CAVE": 

"Yves Nilly, alors assistant de François Angelier, producteur de la case Mauvais Genre pour France Culture, m'avait commandé "LA CAVE"sur pitch. On était en 2003, il faisait chaud mais surtout il y avait une histoire de moeurs à Toulouse dans laquelle le président du CSA de l'époque était (d'après certaines langues de vipère) impliqué. D'où gel sur "LA CAVE" ! Je n'ai pas compris, je parlais de gamines enfermées dans une cave, cela n'avait strictement rien à voir avec l'affaire toulousaine... 

En effet, à cette époque le procès Dutroux n'avait pas encore eu lieu. J'avais juste un vague souvenir de ces deux adolescentes mortes de faim dans une cave. Je me suis demandé comment on pouvait tenir dans ces conditions, ce que l'on pouvait faire, à quoi occuper son temps, à quoi se raccrocher pour éviter de sombrer dans le désespoir. Par ailleurs j'avais été très frappée par une déclaration d'un de mes vieux professeurs de mathématiques à l'université de Brest. Il avait été en camp durant la guerre et nous rapportait que si les travailleurs manuels se laissaient quasiment mourir, les intellectuels tenaient beaucoup mieux le coup. 

"LA CAVE" est née de ces deux souvenirs, elle est la réponse à la question "A quelles ressources fait-on appel pour faire face à l'intolérable ?". C'est donc une pièce d'espoir et non de désespoir. Aussi ai-je été stupéfiée par la violence de certaines réactions. Car elle donne la parole aux victimes, qui l'ont rarement. Combien de films, de romans ont-ils été faits autour du personnage du serial killer sans jamais être confrontés à la censure ? J'ai découvert, et cela m'a bouleversée, que la parole des victimes est insoutenable. Le public veut bien se mettre dans la peau du tortionnaire mais non dans celle du torturé... c'est un constat terrible.

En 2007 mon producteur à France Inter, Patrick Liegibel, m'a permis de faire une version allégée de "LA CAVE" pour l'émission Nuits noires, nuits blanches. Allégée en quantité (la pièce a été réduite à 20 minutes), je précise car aucune censure n'a été exercée sur l'écriture. Par contre j'ai dû rajouter des rôles pour coller au cahier des charges de l'émission. Macha Kouznetsova, qui accompagne la pièce depuis 2005, a tenu dans cette version le rôle de Lydia, la grande soeur."

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